Le Larousse de la langue française en ligne décline quatorze sens différents pour le mot tour, avant de nous donner celui-ci : « chacune des consultations dans un vote, qui peut en comporter plusieurs : le second tour de l'élection présidentielle ». Pourtant, la consultation du dimanche 10 avril ressemblait drôlement à cette autre définition « action de se déplacer en suivant le pourtour de quelque chose, et en revenant à son point de départ ».
Ce dimanche-là, nous sommes restés en périphérie de la consultation présidentielle. Ce scrutin aura été, entre autres choses, la primaire subreptice de la gauche. Dans les jours qui l’ont précédé, les journalistes y sont allés de leur papier ironique sur les stratégies de vote « utile ». Une sorte de sagesse sur le tas, à mi-chemin entre les sondages et les sons de cloches. L’ironie, est-ce l’attitude à envisager face à un électorat qui négocie avec lui-même et se demande quelles concessions lui semblent acceptables pour faire gagner un projet qui soit le plus éloigné possible de celui du Front National ? Ce sont des citoyens, déjà, qui avaient mis au point la seule tentative de désignation d’un candidat commun pour la gauche avant l’élection présidentielle. « Commun » aura été impossible.
Est-il à ce point normal qu’au sein d’une même famille politique, des candidats à la présidence de la République ne puissent pas concilier leurs programmes ? Est-ce tant perdre que de concéder un peu ? De mettre en commun ? De ne pas se reconnaître entièrement ? De reconnaître l’importance de faire passer au programme l’étape du scrutin ? Lequel d’entre eux n’a pas perdu aujourd’hui ? Qu’attendent-ils de ceux qui les regardent, d’ailleurs ? Doit-on penser toutes les relations sociales en dehors de la négociation ? Doit-on chacun, individuellement, chercher à gagner ? Voici une autre définition du mot tour : « numéro exigeant des qualités particulières d'adresse et que l'on exécute pour divertir le public ».
Maintenant, revenus au point de départ, allez votez contre le projet du Front National.
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